Parmi les quatre, mon cœur a fini de balancer
Dans l'Égypte ancienne, des rituels pratiqués sur le corps du défunt roi, lui octroyaient la vie éternelle et l'approbation des dieux tout puissants. N'étant pas un dieu, malgré ma tête piaf, mais ayant déjà dévoré trois saisons et un spin-off de la série Satsujin Bunsekihan, je ne pouvais qu'être aux champs d'Ialou, en apprenant la nouvelle d'une 4e saison.Pourtant, rien n'est gagné d'avance avec cette nouvelle adaptation de l'œuvre d'Asami Kazufumi, devenu maintenant culte dix ans après le premier roman. Comme son héros fétiche, Le détective Takano Hideaka, nous devrons nous adapter à une nouvelle équipe, une nouvelle ambiance et des nouvelles méthodes de travail. Mais nous devrons surtout nous habituer à la disparition du casting de Kisaragi Toko, interprétée par Kimura Fumino dans les trois premières saisons et véritable héroïne de la saga. Un pari audacieux de la part du romancier, mais davantage encore de la production. Sachant à quel point il est important de fidéliser les fans par des héros récurrents, même si Aoki Munetaka est un acteur à la forte personnalité, apprécier un nouveau premier rôle féminin au côté de notre Shunin préféré, sera aussi compliqué que pour lui de s'adapter aux méthodes de la Sécurité Publique.
En effet, pour ceux qui ont suivi la saison 2 (la moins bonne à mon avis) on avait déjà les prémisses de l'antagonisme des méthodes de travail et de la philosophie de ses deux branches prestigieuses de la police japonaise. Muté du département d'investigation des crimes, souvent en série, à l'antiterroriste, après les évènements de 2019 et la fin de la saison 3, on redécouvre Takano, un an après, faire ses premiers dans cette fameuse sécurité publique. Un peu comme Kisaragi dans la première saison, perdu et ré( ou dés)-apprenant le métier depuis zéro. On peut comparer la SP à notre DGSE, ou au FBI américain. La culture du secret, le non partage des informations et le manque d'empathie pour les victimes isolés ou colatérales au bénéfice de la société, vont à l'encontre de la philosophie du bureau d'enquête criminelle et des valeurs de Takano. Mais on connait ce qui le motive dans ce changement de carrière et son parachutage dans ce nouvel univers est tout à fait cohérent avec les romans de Asami Kazufumi
L'œuvre est respectée. Le sentiment de malaise dû à l'absence de Kisaragi et des autres membres de la section 11 s'estompe dès le deuxième épisode, tant l'histoire est menée tambour battant et vous prend aux tripes. On retrouve cette tension dû à la traque d'un sérial killer qui se joue de la police, mais sans redite dans le milieu anarchiste, sectaire ou terroriste. Des connexions se font avec l'ensemble de la saga, donnant à cet opus une dimension indispensable alors qu'elle pouvait paraitre au même niveau que le spin-off Doremi. On est ici dans ce qui se fait de mieux en termes d'écriture de romans policiers/espionnages. La série prend ici un nouveau tournant. La production a encore passé un cran, malgré le tournage en période COVID. On est ici devant une série léchée techniquement et visuellement, jouée par des acteurs qui ont de la gueule et une gueule. Pas de top-modèle, pas de jeunes éphèbes. Des héros matures comme Matsuyuki Yasuko, parfaits dans leur rôle. La pétillante maman de Nagano Mei dans Hanbun Aoi nous offre ici une tout autre palette de son immense talent d'actrice. Elle fait la gueule, certes, pendant 95 % du drama, mais comment aurait-elle pu faire autrement ?. Elle habite le rôle de ce flic dont la vie privée est impossible et les choix éthique et cornélien sont quotidiens. Kimura Fumino est oublié dès le deuxième épisode, et même si beaucoup d'anciens croisent la route de Takano, son absence n'est plus un problème. Les scénariste s'amuse à faire des clins d'œils à des scènes des autres opus, mais ce fan service est inutile, tant ces 10 épisodes se suffisent à eux même. Le défaut de courte durée (6 d'habitude) a été gommé, comme beaucoup d'autres d'ailleurs (pas de flash back sépia…). Mais les habitués risqueront quand même de voir le détail qui pourra divulgâcher les révélations, car il y a toujours cette proportion à parsemer des images trop explicites pour ne pas être des indices. On ne devrait pas se douter du coupable avant les enquêteurs. On devrait être surpris, alors arrêtez les plans fixes sur certains figurants SVP, ça gâche tout.
Clairement, on peut prendre du plaisir, ou plutôt de l'angoisse et un grand coup de stress à regarder cette saison, sans connaître le reste de la saga. Le problème, c'est que vous aurait l'irrésistible envie de voir les préquels après celle-ci. Et là, je dis non, interdiction de commencer par la fin. D'autant plus que malgré les 7 ans du premier épisode, il n'a techniquement et en matière d'écriture pas pris une ride. Je l'ai revu pour écrire ma toute récente critique de Mishi no Mayu pour en être convaincu. Les thèmes musicaux cultes ont été réarrangés pour l'opus 2022, mais sans les trahir. Toujours empreins de spiritualité, avec ses voix et l'ajout d'un orgue, rentrant en résonance avec les milieux sectaires et de l'ancienne Égypte. Mais elle sait se faire intense quand on retrouve ses fameux moments de tension, lampe torche et flingue à la main, autre marque de fabrique d'une saga qui revient nous hanter tous les 2-3 ans, toujours plus forte, toujours plus noir, mais malheureusement, toujours plus à l'image d'une société violente, déboussolée, en quête de sens et de spiritualité.
Was this review helpful to you?