Gedo no Uta (2024)

Une adaptation coup de poing

La violence gratuite : insupportable et fascinante
Après avoir visionné la première saison de Gedou no Uta, je reste profondément troublé par la thématique de la violence gratuite dans les médias. Cette série, à la fois écœurante et captivante, pousse les codes des dramas et des mangas de vengeance à leur paroxysme. Certaines scènes, particulièrement dures, risquent de vous faire détourner les yeux — ou de vous retourner l’estomac. Inutile de préciser qu’il est préférable de ne pas lire cette chronique avant l’âge de 16 ans.

La loi du talion
Gedou no Uta s’inscrit dans une longue tradition de mangas centrés sur des agences chargées de venger, moyennant paiement ou non, le mal infligé à un proche. Le principe de la loi du talion y est poussé jusqu’à l’extrême, avec des conséquences fatales pour les bourreaux, allant jusqu’à leur assassinat ou leur suicide. Ce genre est bien établi au Japon, ce qui rend l’originalité de la série discutable, du moins en apparence.

Les quatre premiers épisodes, qui posent le cadre, sont assez classiques. Les deux héros, avec leur allure de yakuzas repentis, se dévoilent à travers des flashbacks de leur passé tragique et violent. Rien de réellement surprenant dans cette introduction, et l’on pourrait se croire face à un scénario sans grande ambition.

Cependant, la série prend véritablement son envol au milieu de la saison. Les personnages secondaires, d’abord introduits de façon discrète, deviennent progressivement essentiels et apportent une profondeur inédite au récit. C’est à ce moment précis que la série devient passionnante, jusqu’à vous arracher un « Déjà ? » ou un « Encore ! » au sixième et dernier épisode. La fin arrive bien trop vite, un défaut également reproché à Evol en 2023, dont la deuxième saison se fait toujours attendre.

Produite par la plateforme DMM, spécialisée dans les séries trash et percutantes, Gedou no Uta partage d’ailleurs de nombreux points communs avec Evol. Ces œuvres, bien que brutales, se révèlent indispensables pour secouer les consciences.

La violence au service du talent
La violence omniprésente, souvent insoutenable, risque malheureusement de rebuter de nombreux spectateurs. Dommage, car cette série regorge de performances d’acteurs incroyablement justes. Que ce soit pour incarner des héros ou des antagonistes, tous brillent dans des rôles de psychopathes parfaitement interprétés.

Même Morisaki Win, qui semble un peu à côté de son personnage au départ, finit par sublimer son rôle au fil des épisodes. La série, aussi sombre qu’un Batman ou un Joker, offre une plateforme idéale pour des prestations d’acteurs remarquables.

Mention spéciale à Kamenashi Kazuya, qui incarne son rôle avec une gestuelle et une aura saisissantes, malgré un dialecte du Kansai parfois difficile à comprendre pour les non-initiés. Il fait oublier la fadeur de son interprétation dans Destiny. En revanche, le personnage féminin incarné par Minami Sara souffre encore d’une vision dépassée : fragile, à protéger, et cantonnée à un rôle secondaire. On espère que la potentielle saison 2 lui permettra de s’affirmer davantage au sein de cette agence musclée.

Une série coup de poing
Gedou no Uta est une série percutante qui pousse à réfléchir sur la justice dans nos sociétés. La violence, omniprésente, ne s’arrête pas aux images : elle se prolonge jusque dans l’ending song, grave et empreint de mélancolie, qui vous laissera méditer sur la vengeance, notamment envers les plateformes qui annulent systématiquement les saisons 2 de vos séries préférées.

À voir, en attendant la très hypothétique suite d’Evol.

Read More