This review may contain spoilers
Une histoire dynamique et rythmée
Après être tombée par hasard sur le drama chinois "In A Class of Her Own", que j'ai trouvé sympa mais qui m'a souvent barbée à cause de ses longueurs et son absence d'épaisseur, j'ai eu envie de me lancer dans la version originale coréenne. De nombreux commentaires trouvaient cette version bien mieux que son remake, et bien que ce drama date de 2010, je partage sans conteste cet avis.
A peu de choses près il y a beaucoup de similarités entre ces deux versions, tant au niveau des personnages que de l'intrigue, des rebondissements, de l'enchaînement des scènes et des passages-clés. Pourtant, j'ai eu l'impression de voir 2 dramas complètement différents parce que - censure chinoise oblige- le remake est bien plus édulcoré et gentillet que le matériau de base. En effet cette version coréenne est quant à elle bien plus rythmée et dynamique, il y a peu de longueurs malgré sa durée, l'histoire décolle dès le départ et non pas au bout du 25ème épisode, et les personnages sont mieux creusés. Je ne ferai pas une review détaillée de l'intrigue parce que j'ai déjà rédigé une critique de "In A Class of Her Own", mais si vous deviez choisir une seule version entre ces deux-là je vous conseillerais indubitablement "Sungkyunkwan Scandal". Rien que l'amitié entre ces quatre étudiants, issus chacun de classes sociales différentes, a des implications politiques et symboliques bien plus marquées dans la version coréenne, et réellement susceptibles d'ébranler les bases sur lesquelles se fondent le pouvoir et les privilèges de l'élite. L'opposition entre la classe des nobles et les idéaux d'harmonie du roi est mieux détaillée, les conséquences qui découleraient de la découverte d'un texte perdu (les dernières volontés du précédent roi) seraient bien plus importantes, tout comme la révélation du sexe de l'héroïne qui risque littéralement la peine de mort pour elle et sa famille sitôt que le secret sera éventé (contrairement à la version chinoise où tout ceci paraît un peu plus léger, avec en guise de punition des coups de bâton et le renvoi de l'école). Les références à l'homosexualité et la relation ambigüe entre l'étudiant rebelle et le dandy, sont davantage soulignés même si bien sûr, une telle version de 2010 ne pouvait pas aller trop loin sur ce sujet. Quant au président du conseil des élèves, je l'ai trouvé plus effrayant et dangereux que dans son remake : convaincu que seule la classe des nobles mérite tous les pouvoirs, fervent défenseur de ses idéaux et méprisant envers les faibles, il ne recule pas devant certaines bassesses pour atteindre son but.
En parlant de ce dernier, ma seule critique concernera justement ce personnage. Bien qu'il constitue un bon antagoniste qui cherche sans cesse à nuire à notre sympathique quatuor (permettant ainsi de renforcer leur amitié), je trouve qu'il manque parfois de profondeur. A part plisser les yeux d'un air menaçant, plisser les yeux avec un sourire narquois et plisser les yeux d'un air crispé en fermant le poing dans son dos quand il veut masquer sa colère, le jeu de l'acteur n'apporte hélas pas vraiment de nuances à son personnage qui disposait pourtant d'une bonne base pour le rendre plus intéressant. D'ailleurs son arc aurait pu être mieux développé, l'amour qu'il éprouve pour la courtisane avait de quoi rendre les choses plus intéressantes mais cet espace n'a malheureusement pas été exploité comme il faut. Il est persuadé que sa classe lui donne des droits d'office et surtout que cela doit suffire à mériter l'amour de cette femme de classe inférieure, tandis que celle-ci se refuse obstinément à lui et préfère offrir son cœur à un étudiant insignifiant. Je trouve que cette dynamique de base aurait pu donner quelque chose de vraiment sympa et notamment un arc de rédemption passionnant, s'ils avaient vraiment travaillé ces deux personnages, et pris le temps d'explorer une histoire d'amour (quasi inexistante au final dans cette version alors qu'elle semble en bonne voie dans le remake chinois) entre un homme comprenant que ce n'est pas grâce à sa naissance et sa volonté de soumettre mais par un cœur sincère et le respect envers l'autre que l'on gagne l'attention d'une femme, et cette courtisane finissant par aimer celui qu'il aurait pu devenir dès lors qu'il aurait cessé de la considérer comme un dû. D'ailleurs certains détails concernant cette dernière (notamment des dialogues suggérant un passif et un drame familial, les liens obscurs qu'elle entretient avec le ministre de la guerre et les moyens de pression dont il dispose pour se servir d'elle mais dont le spectateur ne saura rien) m'ont semblé trop légers et remplis de trous, comme s'ils avaient prévu de développer davantage son histoire avant de l'abandonner au dernier moment par manque de temps ou bien sur ordre des producteurs. En tout cas leur relation a laissé un léger goût d'inachevé à la romantique que je suis et la fin un peu précipitée (dommage qu'on ne sache pas ce que deviennent certains personnages) m'a quelque peu frustrée. Mais bon, puisque c'est comme ça je laisserai vagabonder mon imagination pour leur offrir une jolie conclusion, c'est bien aussi...
En résumé, j'ai trouvé cette version de 2010 beaucoup plus passionnante que son remake de 2020, et malgré cette décennie d'écart à aucun moment je n'ai eu l'impression de voir un drama daté. Même la bande-son m'a eu l'air plus sympa que la version chinoise, et contrairement à cette dernière, on a droit à 2- 3 bisous (certes très gentils, mais au moins il y en a !). Le thème de la lutte des classes n'est pas nouveau mais il ne cessera jamais d'être d'actualité et je l'ai trouvé mieux traité ici. Il est vrai que par moments, tous les beaux idéaux du ML semblent assez peu réalistes et que c'est parfois agaçant pour une spectatrice telle que moi : ok on peut vaincre n'importe quel obstacle quand on est déterminé, qu'on travaille dur et qu'on y croit, sauf que ce discours est clairement celui d'un dominant à qui il ne viendrait jamais à l'idée que certaines portes ne seront jamais ouvertes pour les femmes quels que soient leurs efforts acharnés. Mais on va se consoler en se disant que c'est un drama historique, que ça colle à l'époque et que lui-même revoit ses positions en reconnaissant clairement sa bien-aimée comme son égale. Quoi qu'il en soit j'ai passé un excellent moment devant ce drama au point que je l'ai visionné d'une traite. Alors que je suis en général peu friande des historiques coréens (pour des raisons purement esthétiques, c'est personnel et ça n'engage que moi), eh bien je me suis fait l'effet de redécouvrir, après avoir commencé par le surgelé, le goût d'un savoureux plat fait-maison.
A peu de choses près il y a beaucoup de similarités entre ces deux versions, tant au niveau des personnages que de l'intrigue, des rebondissements, de l'enchaînement des scènes et des passages-clés. Pourtant, j'ai eu l'impression de voir 2 dramas complètement différents parce que - censure chinoise oblige- le remake est bien plus édulcoré et gentillet que le matériau de base. En effet cette version coréenne est quant à elle bien plus rythmée et dynamique, il y a peu de longueurs malgré sa durée, l'histoire décolle dès le départ et non pas au bout du 25ème épisode, et les personnages sont mieux creusés. Je ne ferai pas une review détaillée de l'intrigue parce que j'ai déjà rédigé une critique de "In A Class of Her Own", mais si vous deviez choisir une seule version entre ces deux-là je vous conseillerais indubitablement "Sungkyunkwan Scandal". Rien que l'amitié entre ces quatre étudiants, issus chacun de classes sociales différentes, a des implications politiques et symboliques bien plus marquées dans la version coréenne, et réellement susceptibles d'ébranler les bases sur lesquelles se fondent le pouvoir et les privilèges de l'élite. L'opposition entre la classe des nobles et les idéaux d'harmonie du roi est mieux détaillée, les conséquences qui découleraient de la découverte d'un texte perdu (les dernières volontés du précédent roi) seraient bien plus importantes, tout comme la révélation du sexe de l'héroïne qui risque littéralement la peine de mort pour elle et sa famille sitôt que le secret sera éventé (contrairement à la version chinoise où tout ceci paraît un peu plus léger, avec en guise de punition des coups de bâton et le renvoi de l'école). Les références à l'homosexualité et la relation ambigüe entre l'étudiant rebelle et le dandy, sont davantage soulignés même si bien sûr, une telle version de 2010 ne pouvait pas aller trop loin sur ce sujet. Quant au président du conseil des élèves, je l'ai trouvé plus effrayant et dangereux que dans son remake : convaincu que seule la classe des nobles mérite tous les pouvoirs, fervent défenseur de ses idéaux et méprisant envers les faibles, il ne recule pas devant certaines bassesses pour atteindre son but.
En parlant de ce dernier, ma seule critique concernera justement ce personnage. Bien qu'il constitue un bon antagoniste qui cherche sans cesse à nuire à notre sympathique quatuor (permettant ainsi de renforcer leur amitié), je trouve qu'il manque parfois de profondeur. A part plisser les yeux d'un air menaçant, plisser les yeux avec un sourire narquois et plisser les yeux d'un air crispé en fermant le poing dans son dos quand il veut masquer sa colère, le jeu de l'acteur n'apporte hélas pas vraiment de nuances à son personnage qui disposait pourtant d'une bonne base pour le rendre plus intéressant. D'ailleurs son arc aurait pu être mieux développé, l'amour qu'il éprouve pour la courtisane avait de quoi rendre les choses plus intéressantes mais cet espace n'a malheureusement pas été exploité comme il faut. Il est persuadé que sa classe lui donne des droits d'office et surtout que cela doit suffire à mériter l'amour de cette femme de classe inférieure, tandis que celle-ci se refuse obstinément à lui et préfère offrir son cœur à un étudiant insignifiant. Je trouve que cette dynamique de base aurait pu donner quelque chose de vraiment sympa et notamment un arc de rédemption passionnant, s'ils avaient vraiment travaillé ces deux personnages, et pris le temps d'explorer une histoire d'amour (quasi inexistante au final dans cette version alors qu'elle semble en bonne voie dans le remake chinois) entre un homme comprenant que ce n'est pas grâce à sa naissance et sa volonté de soumettre mais par un cœur sincère et le respect envers l'autre que l'on gagne l'attention d'une femme, et cette courtisane finissant par aimer celui qu'il aurait pu devenir dès lors qu'il aurait cessé de la considérer comme un dû. D'ailleurs certains détails concernant cette dernière (notamment des dialogues suggérant un passif et un drame familial, les liens obscurs qu'elle entretient avec le ministre de la guerre et les moyens de pression dont il dispose pour se servir d'elle mais dont le spectateur ne saura rien) m'ont semblé trop légers et remplis de trous, comme s'ils avaient prévu de développer davantage son histoire avant de l'abandonner au dernier moment par manque de temps ou bien sur ordre des producteurs. En tout cas leur relation a laissé un léger goût d'inachevé à la romantique que je suis et la fin un peu précipitée (dommage qu'on ne sache pas ce que deviennent certains personnages) m'a quelque peu frustrée. Mais bon, puisque c'est comme ça je laisserai vagabonder mon imagination pour leur offrir une jolie conclusion, c'est bien aussi...
En résumé, j'ai trouvé cette version de 2010 beaucoup plus passionnante que son remake de 2020, et malgré cette décennie d'écart à aucun moment je n'ai eu l'impression de voir un drama daté. Même la bande-son m'a eu l'air plus sympa que la version chinoise, et contrairement à cette dernière, on a droit à 2- 3 bisous (certes très gentils, mais au moins il y en a !). Le thème de la lutte des classes n'est pas nouveau mais il ne cessera jamais d'être d'actualité et je l'ai trouvé mieux traité ici. Il est vrai que par moments, tous les beaux idéaux du ML semblent assez peu réalistes et que c'est parfois agaçant pour une spectatrice telle que moi : ok on peut vaincre n'importe quel obstacle quand on est déterminé, qu'on travaille dur et qu'on y croit, sauf que ce discours est clairement celui d'un dominant à qui il ne viendrait jamais à l'idée que certaines portes ne seront jamais ouvertes pour les femmes quels que soient leurs efforts acharnés. Mais on va se consoler en se disant que c'est un drama historique, que ça colle à l'époque et que lui-même revoit ses positions en reconnaissant clairement sa bien-aimée comme son égale. Quoi qu'il en soit j'ai passé un excellent moment devant ce drama au point que je l'ai visionné d'une traite. Alors que je suis en général peu friande des historiques coréens (pour des raisons purement esthétiques, c'est personnel et ça n'engage que moi), eh bien je me suis fait l'effet de redécouvrir, après avoir commencé par le surgelé, le goût d'un savoureux plat fait-maison.
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