De l'autre côté du miroir
Aborder le visionnage de ce drama me pousse à la frontière de ce que je peux supporter en matière de blockbuster. Si j'apprécie tellement les séries japonaises c'est pour des raisons bien particulières et qui les font souvent détester par beaucoup de mes con-génères. Jeu d'acteur, réalisme ou originalité des situations de la vie quotidienne, sentiments à fleur de peau, humour, twist, mystère, etc, etc ... Mis à part pour les derniers thèmes, rien ne laissait présager que j'allais apprécier cette énième réinterprétation du mythe d'Alice au pays des merveilles. D'autant plus que les productions japonaises Netflix (Violet Evergarden mise à part) m'ont souvent rebutées. Je me souviens encore avec effroi du premier épisode de Followers. Breuuuh
Destiné à un public international, rempli de violence gratuite et d'effets spéciaux, la série va à l'opposé total d'un plongeon dans le "vrai"Japon, tant l'histoire aurait pu se passer dans n'importe qu'elle jungle urbaine, voir jungle tout court. Mais c'est bien par la porte d'entrée de la ville de Tokyo, à l'architecture moderne, magnifiées par des plans chiadés sortis des meilleurs catalogues de voyage que je me suis laissé happer. La photo est un atout majeur de la série, mais amateurs de l'époque Edo, passez donc votre chemin. Shinjuku et Kabukicho sont présentés comme le top de la coolitude. Histoire évidement de rameuter un max de touristes consuméristes étrangers. La ville de Tokyo a sûrement financé une partie du tournage pour cela et c'était clairement nécessaire d'avoir sa coopération, vu le scénario.
D'abord, désolé de ne pas comparer la série au manga, ne l'ayant pas lu, mais je pense qu'elle s'apprécie surement mieux ainsi étant déjà très courte. L'histoire ce passe donc dans un Tokyo, complètement déserté de la plupart des êtres humains. Il fallait donc mettre la main au porte-monnaie pour fermer des quartiers entiers en plein jour. Et le jeu en valait la chandelle car les images sont rares et même maintenant, avec la pandémie, les passages piétons emblématiques ne sont pas vides.
Ensuite, le scénario prend certainement quelques libertés avec le manga publié de 2010 à 2016... 2010, oui vous avez bien lu ! Battle Royal, 2000 - Death Note, 2003 - - Doubt 2007 - Btooom!, 2009 etc, etc, ... et on est en 2020 !!! 10 ans après le point d'orgue du phénomène. Y a-t-il vraiment encore quelque chose de nouveau à raconter dans le le pays des battles royals en 2021.
Rappelons les règles immuables du genre :
- bande de copains plongée dans un autre univers ou/et huis clos, check
- mise à l'épreuve de leur amitié, check
- vamp prête à tout pour ne pas mourir (donc sexe), check
- mort violente d'un personnage principal sympathique, mais pas le héro quand même faut pas pousser, check
- énigme, traitre, esprit d'équipe qui triomphe, check, check, check, ...
Des codes vus des dizaines de fois, donc. Si on rajoute à cela la construction dite moderne du Cliffhanger, mais surtout la mise en scène cinématographique qui me fait depuis des années m'endormir devant les blockbusters de 2h30, pas gagné pour que je trouve du positif dans cette série (à part Tokyo, vous l'avez compris). Il y a un bon nombre d'épisodes rallongés artificiellement par des flashbacks assez poussifs, en plus de scènes statiques où l'on contemple des visages larmoyants pendant des plombes. Bref cela manque de vie et pas seulement par manque d'habitant. Tout n'est pas bon à prendre dans le cinéma moderne (américain ?) et surtout pas cette manière de rallonger la sauce. Faire des flashbacks permet de donner de la profondeur à certains personnages et leur disparition n'en aurait été que plus forte, mais pour cela il aurait fallu s'en donner les moyens sur des épisodes quasi-entiers.
OK, j'ai démoli toutes vos envies de regarder la série. Mais malgré les situations téléphonées (c'est le cas de le dire) des jeux de la mort proposés, j'ai regardé jusqu'au bout et j'en suis même à me demander si je ne regarderais pas la saison 2. Il y a du positif, donc...
Tout d'abord le thème des jeux de cartes est intéressant. Il mêle du coup, jeux de hasard, maths et traitrise. Les maths étant mon domaine j'espérais voir plus d'énigmes de logique. Mais elles sont assez rares et souvent connues, les pièces en carré et l'ampoule, j'attendais plus. Les jeux de cœurs sont basés souvent sur le sacrifice et on devine assez vite l'issue. Le problème c'est qu'on se doute aussi de l'issue du dernier jeu qui tourne quand même sur 3 épisodes. Donc les amateurs d'énigmes n'en auront pas pour leur argent, mais auront surement envie de lire le manga, pour les autres, c'est une bonne initiation.
L'histoire entre nos deux héros est classique et platonique. Du coup elle risque de décevoir les grands fans de séries à l'occidental, bien plus tactiles. Mais elle colle au fait qu'on est au Japon et que la production est japonaise. Malgré cela les codes des films/séries d'actions américaines sont bien présents. En termes de musique, mise en scène, cascades et effets spéciaux. Certains crieront au génie, en disant :"Enfin une adaptation japonaise réussie". Pour les adeptes de séries et films asiatiques, nous savons ce qu'est un bon film venant de l'est. Il n'a pas besoin d'inclure un mec tatoué façon kabuki, katana à la main ou une amazone adepte du karaté (si, si, ils ont osé). Si on passe donc ses personnages "plus cliché de l'Asie, tu meurs", il reste un excellent jeu d'acteur et quelques moments qui donnent envie de voir la suite.
Mais c'est surtout par Yamazaki Kento, NEET extrêmement cool et petit génie des maths qui s'ignore, que l'on appréciera le plus la série. Je me souviens avec plaisir de You Lie in April ou l'excellent Death Note de 2015 dans son rôle inoubliable de L et à 26 ans il est à deux doigts d'une carrière internationale avec son rôle d'Arisu. Ce qui pourrait me faire dire que tout n'est pas à jeter avec Netflix. Notre mignon petit lapin, Tsuchiya Tao ne lui vole pas vraiment la vedette, même si elle impressionne par ses bons et son mimétisme avec Faith l'héroïne de Mirror's Edge (le premier évidemment).
Finalement je ne crierai ni au génie, ni à a la bouse. Seulement à, ça dépend qui on est et qu'est-ce qu'on veut. Pour moi c'est un produit destiné à exporter du rêve (Tokyo+arts martiaux+bikini) mais qui fait aussi marcher sa tête. Dans cette optique il est réussi et mérite 10/10. Mais si on compare à des productions typiquement japonaises et destinées qu'au marché japonais, comme Anata no ban desu, il ne tient pas la comparaison en termes de mystère et de suspense, même si la production est léchée. De la violence et du voyeurisme ça il y en a, mais attendons-nous vraiment cela d'un drama ? Quoi qu'il en soit, Je m'interroge sur QUI répartie les cartes des productions mondiales. Une reine de cœur qui joue avec les sentiments humains certainement.
Destiné à un public international, rempli de violence gratuite et d'effets spéciaux, la série va à l'opposé total d'un plongeon dans le "vrai"Japon, tant l'histoire aurait pu se passer dans n'importe qu'elle jungle urbaine, voir jungle tout court. Mais c'est bien par la porte d'entrée de la ville de Tokyo, à l'architecture moderne, magnifiées par des plans chiadés sortis des meilleurs catalogues de voyage que je me suis laissé happer. La photo est un atout majeur de la série, mais amateurs de l'époque Edo, passez donc votre chemin. Shinjuku et Kabukicho sont présentés comme le top de la coolitude. Histoire évidement de rameuter un max de touristes consuméristes étrangers. La ville de Tokyo a sûrement financé une partie du tournage pour cela et c'était clairement nécessaire d'avoir sa coopération, vu le scénario.
D'abord, désolé de ne pas comparer la série au manga, ne l'ayant pas lu, mais je pense qu'elle s'apprécie surement mieux ainsi étant déjà très courte. L'histoire ce passe donc dans un Tokyo, complètement déserté de la plupart des êtres humains. Il fallait donc mettre la main au porte-monnaie pour fermer des quartiers entiers en plein jour. Et le jeu en valait la chandelle car les images sont rares et même maintenant, avec la pandémie, les passages piétons emblématiques ne sont pas vides.
Ensuite, le scénario prend certainement quelques libertés avec le manga publié de 2010 à 2016... 2010, oui vous avez bien lu ! Battle Royal, 2000 - Death Note, 2003 - - Doubt 2007 - Btooom!, 2009 etc, etc, ... et on est en 2020 !!! 10 ans après le point d'orgue du phénomène. Y a-t-il vraiment encore quelque chose de nouveau à raconter dans le le pays des battles royals en 2021.
Rappelons les règles immuables du genre :
- bande de copains plongée dans un autre univers ou/et huis clos, check
- mise à l'épreuve de leur amitié, check
- vamp prête à tout pour ne pas mourir (donc sexe), check
- mort violente d'un personnage principal sympathique, mais pas le héro quand même faut pas pousser, check
- énigme, traitre, esprit d'équipe qui triomphe, check, check, check, ...
Des codes vus des dizaines de fois, donc. Si on rajoute à cela la construction dite moderne du Cliffhanger, mais surtout la mise en scène cinématographique qui me fait depuis des années m'endormir devant les blockbusters de 2h30, pas gagné pour que je trouve du positif dans cette série (à part Tokyo, vous l'avez compris). Il y a un bon nombre d'épisodes rallongés artificiellement par des flashbacks assez poussifs, en plus de scènes statiques où l'on contemple des visages larmoyants pendant des plombes. Bref cela manque de vie et pas seulement par manque d'habitant. Tout n'est pas bon à prendre dans le cinéma moderne (américain ?) et surtout pas cette manière de rallonger la sauce. Faire des flashbacks permet de donner de la profondeur à certains personnages et leur disparition n'en aurait été que plus forte, mais pour cela il aurait fallu s'en donner les moyens sur des épisodes quasi-entiers.
OK, j'ai démoli toutes vos envies de regarder la série. Mais malgré les situations téléphonées (c'est le cas de le dire) des jeux de la mort proposés, j'ai regardé jusqu'au bout et j'en suis même à me demander si je ne regarderais pas la saison 2. Il y a du positif, donc...
Tout d'abord le thème des jeux de cartes est intéressant. Il mêle du coup, jeux de hasard, maths et traitrise. Les maths étant mon domaine j'espérais voir plus d'énigmes de logique. Mais elles sont assez rares et souvent connues, les pièces en carré et l'ampoule, j'attendais plus. Les jeux de cœurs sont basés souvent sur le sacrifice et on devine assez vite l'issue. Le problème c'est qu'on se doute aussi de l'issue du dernier jeu qui tourne quand même sur 3 épisodes. Donc les amateurs d'énigmes n'en auront pas pour leur argent, mais auront surement envie de lire le manga, pour les autres, c'est une bonne initiation.
L'histoire entre nos deux héros est classique et platonique. Du coup elle risque de décevoir les grands fans de séries à l'occidental, bien plus tactiles. Mais elle colle au fait qu'on est au Japon et que la production est japonaise. Malgré cela les codes des films/séries d'actions américaines sont bien présents. En termes de musique, mise en scène, cascades et effets spéciaux. Certains crieront au génie, en disant :"Enfin une adaptation japonaise réussie". Pour les adeptes de séries et films asiatiques, nous savons ce qu'est un bon film venant de l'est. Il n'a pas besoin d'inclure un mec tatoué façon kabuki, katana à la main ou une amazone adepte du karaté (si, si, ils ont osé). Si on passe donc ses personnages "plus cliché de l'Asie, tu meurs", il reste un excellent jeu d'acteur et quelques moments qui donnent envie de voir la suite.
Mais c'est surtout par Yamazaki Kento, NEET extrêmement cool et petit génie des maths qui s'ignore, que l'on appréciera le plus la série. Je me souviens avec plaisir de You Lie in April ou l'excellent Death Note de 2015 dans son rôle inoubliable de L et à 26 ans il est à deux doigts d'une carrière internationale avec son rôle d'Arisu. Ce qui pourrait me faire dire que tout n'est pas à jeter avec Netflix. Notre mignon petit lapin, Tsuchiya Tao ne lui vole pas vraiment la vedette, même si elle impressionne par ses bons et son mimétisme avec Faith l'héroïne de Mirror's Edge (le premier évidemment).
Finalement je ne crierai ni au génie, ni à a la bouse. Seulement à, ça dépend qui on est et qu'est-ce qu'on veut. Pour moi c'est un produit destiné à exporter du rêve (Tokyo+arts martiaux+bikini) mais qui fait aussi marcher sa tête. Dans cette optique il est réussi et mérite 10/10. Mais si on compare à des productions typiquement japonaises et destinées qu'au marché japonais, comme Anata no ban desu, il ne tient pas la comparaison en termes de mystère et de suspense, même si la production est léchée. De la violence et du voyeurisme ça il y en a, mais attendons-nous vraiment cela d'un drama ? Quoi qu'il en soit, Je m'interroge sur QUI répartie les cartes des productions mondiales. Une reine de cœur qui joue avec les sentiments humains certainement.
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