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Kenseiden

France

Kenseiden

France
Shinbun Kisha japanese drama review
Completed
Shinbun Kisha
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by Kenseiden
Aug 14, 2022
6 of 6 episodes seen
Completed
Overall 7.5
Story 7.0
Acting/Cast 8.5
Music 7.0
Rewatch Value 7.0

Ceci est une fiction, toute ressemblance...

Le monde de la politique est impitoyable, quel que soit le pays. On dit souvent que la démocratie est un système imparfait, mais qu'il 'est le moins mauvais. On a pourtant du mal à le croire, quand on se réfère aux événements récents qui entachent les politiciens japonais et qui rentrent étrangement en résonance avec le synopsis de Shinbun Kisha. Le titre ou un survol rapide peuvent faire penser à une longue séance d'autosatisfaction de la part des médias, toujours prêts à défendre la démocratie. Mais c'est bien le monde politique qui est le sujet principal et la cible de ce brûlot qui devrait inspirer plus d'un citoyen endormi par des décennies de corruption et de culture du "moins tu fais de vagues, mieux c'est".

Alors que l'assassina d'un ancien premier ministre remet sur le devant de la scène les connivences sectaires des dirigeants, quelques mois avant, comme un avertissement au peuple japonais, sortait Shinbun Kisha, la série. Brulot extrêmement bien produit pour la plateforme Netflix, prenant en toile de fond une affaire d'État, certes trop banale, mais symptomatique du cancer démocratique. Remake , par le réalisateur Fujii Michihigo, de son propre film, sortie en 2019 et que je n'ai pas encore vu, Shinbun Kisha ne se concentre pas forcément sur les journalistes. Alors que la femme du 1er ministre, que l'on ne verra d'ailleurs jamais, est empêtrée dans un scandale de corruption, les protagonistes de ce court drama de 6 épisodes sont les petites mains du pouvoir, ceux qui travaillent dans l'ombre. Bureaucrates, secrétaires de cabinet, etc. à commencer par le secrétaire personnel de Madame, interprété par Ayano Go, tout juste sortie d'Avalanche, où il avait poussé la cool attitude à son max et dont le sujet était déjà la corruption des politiques. Il joue ici un bureaucrate coincé, rongé par les remords qui montre une tout autre facette de son jeu d'acteur.

La plupart des acteurs ont été poussés, d'ailleurs, ici, à surjouer leur côté pathos et larmoyants. Pas un n'a pu éviter de subir les gouttes dans les yeux pour faire déverser des torrents de larmes. Si elles sont évidement justifiées et donnent vraiment ce côté humain à tous ses acteurs qui font partie de la master classe japonaise, cela peut donner parfois le sentiment d'en faire trop. Malgré évidement le tragique de certaines situations, mais qui perdent en intensité du fait qu'un personnage rongé par les remords était déjà trempé de larme en se remémorant ses actes de falsification.

Car c'est la fabrication de faux documents est au cœur de l'intrigue. Il est demandé assez rapidement à des bureaucrates de falsifier des notes pour masquer la corruption d'état. L'intérêt de ce drama, par rapport aux histoires similaires, c'est le souci de réalisme. Pas de manichéisme ici. Personne n'est tout blanc, ni tout noir, et même cet esprit de garder les institutions intactes peuvent trouver une justification. Dommage que la mise en scène force sur le caractère sombre et froid des bureaux de renseignement, des secrétaires d'État ou des antennes régionales. Musique magistrale ou minimaliste, cadrage plongeant, on insiste un peu trop sur le fait que les institutions broient l'individu, même si c'est le cas ici. La mise en scène est de toute façon au moins pour les 2 premiers épisodes assez maladroite. On retrouve les travers des productions Netflix. Tapageuses, séquençage trop haché, avec enchainement de gros plan, de plan plongeant (merci les drones), de caméra qui tourne dans tous les sens et beaucoup trop rapidement. Sans parler de la musique omniprésente, pour pas dire envahissante, et cette profusion de personnages très peu explicite dans les premières minutes, mais qui montre à quel point Netflix a déversé du pognon, au vu des grands acteurs ici présents.

Ce ne sera donc pas pour le scénario trop classique de journaliste en quête de vérité, ni pour la mise en scène trop tape à l'œil que l'on accrochera les premières minutes, mais bien pour tous ces acteurs. Ayano Go bien sûr, Yokohama Ryusei, qui ne met pas pour une fois en avant sa bogossitude et ça fait du bien. Et des noms qui ne parleront peut-être qu'à des gents de ma génération, comme Yoshioka Hidetaka, l'inoubliable docteur Koto, Terajima Shinobu, Sano Shiro, la pourriture parfaite, ou bien même une apparition de Tsuchimura Kaho. La liste est hyper longue, j'ai sûrement homi des acteurs encore plus talentueux. C'en est presque indécent et surtout on n'est pas en face d'un Asadorama de 150 épisodes. La sous exploitation de tous ses talents me rend presque malade.

Mais même Yonekura Ryoko qui joue avec brio l'excentrique Daimon Michiko dans Doctor X depuis des années, manque de scènes dans la série. Tous ces changements frénétiques de lieux, de personnages, toutes les deux secondes des deux premiers épisodes, qui heureusement disparaissent pour faire interagir enfin la plupart des personnages suite à un événement qui calme enfin la frénésie du montage. La série prend vraiment de l'intérêt à ce moment alors qu'il ne reste plus que 4 épisodes. Elle donne à réfléchir non pas que sur le sens de la justice et la stabilité des institutions, mais également sur des choix pour la suite de sa vie, à des tournants de celle-ci. Et pour tous les personnages, finalement. Le côté sensationnel du journalisme n'est pas si mis en avant. Pas de recherche de scoop, mais un rappel salvateur du rôle de l'information dans la société. Si le côté trop cool d'une rédaction est parfois forcé, par rapport aux bureaux austère, le réalisme revient frappé à notre porte avec un ancrage dans notre quotidien. Les événements se passant sur le long terme de 2019 à 2020. Terme nécessaire pour mener une enquête d'investigation. La préparation des JO, puis l'ombre du Covid planant sur le quotidien de nos protagonistes.

En résumé, pour les acteurs, on est fortement attiré, ensuite pour le tableau dépeint du monde du journalisme, même s'il est effleuré, ainsi que pour la perversion du système politique, on restera donc devant l'écran. Et cela malgré toutes les tentatives de Netflix de nous faire fuir par cette production bling bling ou trop larmoyante. À moins que je voulais écrire le contraire. Il est tellement facile de falsifier des documents. Le réalisateur la bien fait, lui.
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