L'éco-responsabilité selon Anno
Sortie en 2016, tout a surement été dit sur le Shin Gozilla de Hideaki Anno. Mais étant passé à côté à l'époque ( Qu'est-ce que je pouvais bien regarder à ce moment-là ? ), mon visionnage récent de Shin Ultraman m'invita à me plonger dans ce chef-d'œuvre du film hommage aux films de Kaijus des années 50-60 du cinéma japonais. Une mise en abyme, dont Anno est si friand.
Le réalisateur-créateur, de Evangelion n'a jamais caché, ni son amour, ni ses inspirations pour ses films de genre. Et il a cherché ici à être le plus proche de l'ambiance et de l'esthétique de l'époque tout en ancrant Gozilla dans notre temps. Taclant au passage les Américains et leurs adaptations foireuses, dénaturant complètement le sujet et l'âme de l'œuvre originale. Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur la biographie du maître Anno, je vous invite à visionner le drama Aoi Honoo. Adaptation délirante de sa vie d'étudiant de cinéma. Délirant, ç'aurait pu être la marque de fabrique de ce énième Godzilla, mais le réalisateur-scénariste a insufflé un réalisme et un humanisme rarement atteints dans le genre. Même si la métaphysique est sa spécialité, il a cherché, ici, à rester le plus terre à terre possible. Un comble pour un film retraçant l'attaque d'un dinosaure géant qui tire des lasers nucléaires.
Un réalisme comme on en voit que dans les films de guerre, retraçant des batailles réelles et décrivant avec précision chaque évènement et même armes employées. Avec un état-major rongé par les doutes, découvrant la situation en même temps que le spectateur et devant prendre des décisions, peut-être responsables de milliers de morts. On suit, non pas le superflic, militaire ou pompier qui est en proie au doute, en plein divorce et choix de garde de sa fille, comme dans un film américain, mais les ministres et autres secrétaires d'État, dans leur travail. Face à une crise inédite, d'un niveau bien plus critique que celle de la Covid. Nous n'aurons donc pas de tranches de vie quotidienne, pour accentuer l'horreur et magnifier le dévouement du héros-cowboy. Mais on bouffera des briefings glaçants, réalistes, où les ministres paraissent profondément humains et démunies face à ce qui les dépasse.
Bien sûr, une telle production à son lot d'acteurs banquables (en 2016), mais "exit" les featuring américains qui auraient eu toutes leurs places dans cette production où l'ombre de l'oncle Sam est omniprésente. Hasegawa Hiroki, l'éternel Tachibana Manpei de Manpuku Ramen (à voir absolument) est bluffant de réalisme dans son rôle de secrétaire de cabinet, aux responsabilités trop grandes pour son costume trois pièces. Mais Ishihara Satomi, que j'adore pourtant, appuis trop sur son côté pouffe américaine, dans son rôle, la rendant antipathique au possible, pour ceux qui apprécient la délicatesse à la japonaise. Mais tout cela est évidement voulu par Anno qui par le grain de l'image, l'absence de maquillage des acteurs (sauf pour Satomi-chan, donc) a cherché non pas à les enlaidir, mais à les humaniser.
On est ici, face à un brulot anti-tout, finalement. Antiaméricain et plus généralement anti-impérialiste, voir antimilitariste. Mais aussi une critique face au monde politique, fait finalement de dirigeant en papier. On en attendait pas moins du créateur de Nadia ou Evangelion. Et comme pour ses chefs-d'œuvre d'animation, la mécanique, comme les monstres, sont magnifiés au possible. À l'instar de son ami Miyazaki, il apporte un soin extrême aux machines tout en dénonçant leurs utilisations meurtrières. On est vraiment proche de l'univers du créateur du Château dans le ciel, même dans ce film de genre. Mais le soin extrême se retrouve également dans les scènes extérieures où Anno a cherché à reproduire les attaques des villes, des raffineries ou dans les montagnes avec des plans imitant réellement les films de Kaiju et de Kokusatsu. Alors qu'à l'époque, des maquettes de ville et de campagnes étaient le décor d'acteurs costumés en Casimir ou Super Sentai et que pour Evangelion (autre hommage, faut-il le rappeler ?), l'animation était déjà bluffante, on est ici, scotché par la technique. Mélange de marionnette ou de costume grotesque, de 3D légère et de prises de vues réelles. Tout s'imbrique pour donner à la fois un côté réaliste, avec ses scènes de panique où des milliers de figurants courent dans un Tokyo magnifié (l'autre star du film) et en arrière-plan sa majesté Godzilla tout lazer dehors. Digne des plus grands films catastrophes à budget pharaonique, Gozilla est à la fois un typhon, un raz de marré et un tremblement de terre à lui tout seul. Parabole sur la résilience du peuple japonais face à ses catastrophes naturelles, l'ombre d'Hiroshima plane aussi sur le film, et la fin rappellera une autre fin que les États-Unis ont encore du mal à justifier, 80 ans après.
Un film donc, d'une grande humanité, à la réalisation et au jeu d'acteur impeccable. Un brulot politique et écologique, qui ne surprendra pas les fans de la première heure, mais qui décevra certainement les fans de blockbusters américains. Pour le côté lent et grotesque de la bête (j'adore), pour l'utilisation outrancière des musiques d'époque (j'adore aussi). Mais c'est peut-être le meilleur hommage que l'on peut faire au dernier dinosaure. Rassurez-vous les Yankees, la critique de Shin Ultraman ne sera pas aussi dithyrambique, mais probablement que vous l'adorerez, autant que vous avez détesté Shin Gojira. Tous les goûts sont dans la nature et il faut savoir en prendre soin. Sinon, elle va te le faire comprendre à grand coup de lazer dans ta gueule !!!
Le réalisateur-créateur, de Evangelion n'a jamais caché, ni son amour, ni ses inspirations pour ses films de genre. Et il a cherché ici à être le plus proche de l'ambiance et de l'esthétique de l'époque tout en ancrant Gozilla dans notre temps. Taclant au passage les Américains et leurs adaptations foireuses, dénaturant complètement le sujet et l'âme de l'œuvre originale. Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur la biographie du maître Anno, je vous invite à visionner le drama Aoi Honoo. Adaptation délirante de sa vie d'étudiant de cinéma. Délirant, ç'aurait pu être la marque de fabrique de ce énième Godzilla, mais le réalisateur-scénariste a insufflé un réalisme et un humanisme rarement atteints dans le genre. Même si la métaphysique est sa spécialité, il a cherché, ici, à rester le plus terre à terre possible. Un comble pour un film retraçant l'attaque d'un dinosaure géant qui tire des lasers nucléaires.
Un réalisme comme on en voit que dans les films de guerre, retraçant des batailles réelles et décrivant avec précision chaque évènement et même armes employées. Avec un état-major rongé par les doutes, découvrant la situation en même temps que le spectateur et devant prendre des décisions, peut-être responsables de milliers de morts. On suit, non pas le superflic, militaire ou pompier qui est en proie au doute, en plein divorce et choix de garde de sa fille, comme dans un film américain, mais les ministres et autres secrétaires d'État, dans leur travail. Face à une crise inédite, d'un niveau bien plus critique que celle de la Covid. Nous n'aurons donc pas de tranches de vie quotidienne, pour accentuer l'horreur et magnifier le dévouement du héros-cowboy. Mais on bouffera des briefings glaçants, réalistes, où les ministres paraissent profondément humains et démunies face à ce qui les dépasse.
Bien sûr, une telle production à son lot d'acteurs banquables (en 2016), mais "exit" les featuring américains qui auraient eu toutes leurs places dans cette production où l'ombre de l'oncle Sam est omniprésente. Hasegawa Hiroki, l'éternel Tachibana Manpei de Manpuku Ramen (à voir absolument) est bluffant de réalisme dans son rôle de secrétaire de cabinet, aux responsabilités trop grandes pour son costume trois pièces. Mais Ishihara Satomi, que j'adore pourtant, appuis trop sur son côté pouffe américaine, dans son rôle, la rendant antipathique au possible, pour ceux qui apprécient la délicatesse à la japonaise. Mais tout cela est évidement voulu par Anno qui par le grain de l'image, l'absence de maquillage des acteurs (sauf pour Satomi-chan, donc) a cherché non pas à les enlaidir, mais à les humaniser.
On est ici, face à un brulot anti-tout, finalement. Antiaméricain et plus généralement anti-impérialiste, voir antimilitariste. Mais aussi une critique face au monde politique, fait finalement de dirigeant en papier. On en attendait pas moins du créateur de Nadia ou Evangelion. Et comme pour ses chefs-d'œuvre d'animation, la mécanique, comme les monstres, sont magnifiés au possible. À l'instar de son ami Miyazaki, il apporte un soin extrême aux machines tout en dénonçant leurs utilisations meurtrières. On est vraiment proche de l'univers du créateur du Château dans le ciel, même dans ce film de genre. Mais le soin extrême se retrouve également dans les scènes extérieures où Anno a cherché à reproduire les attaques des villes, des raffineries ou dans les montagnes avec des plans imitant réellement les films de Kaiju et de Kokusatsu. Alors qu'à l'époque, des maquettes de ville et de campagnes étaient le décor d'acteurs costumés en Casimir ou Super Sentai et que pour Evangelion (autre hommage, faut-il le rappeler ?), l'animation était déjà bluffante, on est ici, scotché par la technique. Mélange de marionnette ou de costume grotesque, de 3D légère et de prises de vues réelles. Tout s'imbrique pour donner à la fois un côté réaliste, avec ses scènes de panique où des milliers de figurants courent dans un Tokyo magnifié (l'autre star du film) et en arrière-plan sa majesté Godzilla tout lazer dehors. Digne des plus grands films catastrophes à budget pharaonique, Gozilla est à la fois un typhon, un raz de marré et un tremblement de terre à lui tout seul. Parabole sur la résilience du peuple japonais face à ses catastrophes naturelles, l'ombre d'Hiroshima plane aussi sur le film, et la fin rappellera une autre fin que les États-Unis ont encore du mal à justifier, 80 ans après.
Un film donc, d'une grande humanité, à la réalisation et au jeu d'acteur impeccable. Un brulot politique et écologique, qui ne surprendra pas les fans de la première heure, mais qui décevra certainement les fans de blockbusters américains. Pour le côté lent et grotesque de la bête (j'adore), pour l'utilisation outrancière des musiques d'époque (j'adore aussi). Mais c'est peut-être le meilleur hommage que l'on peut faire au dernier dinosaure. Rassurez-vous les Yankees, la critique de Shin Ultraman ne sera pas aussi dithyrambique, mais probablement que vous l'adorerez, autant que vous avez détesté Shin Gojira. Tous les goûts sont dans la nature et il faut savoir en prendre soin. Sinon, elle va te le faire comprendre à grand coup de lazer dans ta gueule !!!
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